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LES ŒVVRES

Las où eſt maintenant ta ieune bonne grace,
Et ton gentil eſprit plus beau que la beauté :
Où eſt ton doux maintien, ta douce priuauté
Tu les auois du Ciel, ils y ont repris place.
Ô miſerable, helas toute l’humaine race,
Qui n’a rien de certain que l’infelicité !
Ô triſte que ie ſuis, ô grande auerſité,
Ie n’ay qu’un ſeul appuy en cette terre baſſe !
Ô ma chere compaigne & douceur de ma vie,
Puis que les Cieux ont eu ſur mon bon-heur enuie,
Et que tel a eſté des Parques le decret :
Si apres noſtre mort le vray amour demeure
Abaiſſe un peu tes yeux de leur claire demeure
Pour voir quel eſt mõ pleur, ma plainte & mon regret.


Épitaphe de feu maiſtre François Eboiſſard ſeigneur de la Villee ſon mary.


Vevx-tu ſçauoir paſſant, quel a été mon eſtre,
Scaches que la nature, & fortune, & les Cieux,
Noble, riche, & ſcauant autrefois m’ont fait maiſtre,
Me rendant poſſeſſeur de leurs dons precieux.

Apres auoir veſcu d’une louable vie,
Ie fus pris d’vn catere, & maintenant le fort
Des Parques me guerit de ceſte maladie :
Ie mourois en ma vie, & ie vis en ma mort,

Ie fus trente ans Breton, vingt & huict mon espouſe
Me retint dans Poetiers lié de chaſte amour,