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DE M. DES ROCHES.

AV ROY


SIre durant l’effort de la guerre ciuille,
Ie plaignois le malheur de notre pauure ville.
I’eſleuois iuſque au ciel ma parole & mes yeux,
Ayant le cueur espoint d’vn ennuy ſoucieux
Mais, helas ! cependant que ma triſte penſee,
De tant de maux publics griefuement offencee,
Alloit ſur les autels, i’apperceu deux maiſons
Que i’auois au faubourg, n’eſtre plus que tiſons,
Et ſi ce n’euſt eſté que la perte commune,
M’eſtoit cent mille fois plus aſpre & importune :
A peine euſſe ie pu m’apaiſer promptement,
Voyant mon peu de bien ſe perdre en vn moment.
Ces maiſons popuoient bien valoir deux mille liures,
Plus que ne m’ont valu ma plume n’y mes liures,
Qui ſeront inutil ; ſ’ils n’ont ceſte faueur,
Que voſtre majeſté eſtime leur labeur.
Depuis i’ay entendu que votre main Royalle,
A ceux qui ont perdu, ſe monſtre liberalle :
Et que voſtre bonté les veut recompenſer :
Voila l’occaſion qui m’a fait avancer,
Sire pour vous offrir ma tres humble requeſte,
Priant le Seigneur Dieu vous couronner la teſte
De l’heur de Salomon, comme de ces vertus
De voir vos ennemis à vos pieds abbatus,
D’acomplir vn tres beau & tres long cours de vie,
Sans auoir de mourir n’y crainte, n’y enuie :
D’establir pour iamais ce regne ferme & ſeur,
Et d’y laiſſer de vous un digne ſucceſſeur.