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LES ŒVVRES

L’on ne penſeroit plus que vous fuſſiez l’Eſtant,
L’on oubliroit du tout à vous faire ſeruice
Ce monde deuiendroit eſcole de tout vice,
Voila pourquoy ſeigneur, ie change en vn inſtant.

Ie me monſtre parfois & ſuperbe & maligne,
Ie deuien tout ſoudain gracieuſe & benigne :
Mais tout ce que ie fay c’eſt pour vous obeir,
Pourueu que ie vous ſois humble & obeiſſante :
Ie veux que l’on m’apelle & traitreſſe & meſchante
Et ne me deplay point de me faire hair.

Ô Dieu ſi mes effects vous ſont pour agreables,
Accordez ſ’il vous plaiſt mes requeſtes ſemblables
À celles de Vertu : vueillez mettre à repos
Noſtre pauure Poetiers, & ſi quelcun ſ’apreſte
De l’oſer aſſaillir, qu’il ſente ſur la teſte
La tuile que Pyrrhus ſentit dedans Argos.


Et bien. Vertu, eſtes vous ſatisfaicte ? Ver. Ouy en partie, & le ſeray du tout ſ’il vous plaiſt auſſi bien faire que bien dire. For. On diroit que vous eſtes en deffiance de moy. Ver. Non ſuis, car voſtre deſaſſeurãce m’aſſeure, vous auez accouſtumé d’arreſter fort peu de temps en vn poinct, ſi bien qu’ayant deſia faict beaucoup de mal à noſtre Poëtiers i’eſpere qu’à l’aduenir vous luy ferez meilleure. For. Mais pourquoy en eſtes vous ſi curieuſe. Ver. Pource que ie ſuis