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DE M. DES ROCHES.

m’arguez d’impuiſſance diſant que je ne puis faire mal, ie prens, vn tel blaſme pour loüange, & ſi nous demeurons quelque tẽps enſemble i’eſpere que vous connoiſtrez mon pouuoir, mon deuoir, & mon vouloir, eſtre tellement vnis qu’ils ne ſeront iamais ſeparez. For. La douceur de voz propos m’a ſi bien gaignee, que ie voudroy n’eſtre iamais ſeparee d’aivec vous. Ver. Vous ferez bien de fauoriſer quelquesfois de voſtre preſence ceux qui me chaſsẽt, affin qu’ils ne ſoiết pas mal-heureux de tout poinct. For. Ha ie proteſte de n’aymer jamais ceux qui vous haisſent, & ſi pour vn temps ie me montre amiable enuers eux, ce ſera pour leur faire ſentir apres ma rigueur plus aſpre. Pour ce dés maintenãt menez moy où bon vous ſemblera, & vous aſſurez que ie n’ay rien de plus cher en ce monde que le deſir de vous obeyr. Ver. Pour cette heure gardons Poëtiers comme nous auons deliberé, cependant il ſe preſentera quelque bonne occaſiõ pour vous offrir a l’excellence dont ie vous ay parlé, laquelle nonobſtant voſtre defaueur eſt montée par mon moyen iuſques à vn tel degré, que voſtre grãdeur ne ſçauroit pas beaucoup accroiſtre la ſienne. For. Il ne faut donc point que ie me preſẽte là de pœur d’eſtre meſpriſee. Ver. Mais vous en ſerez plus digne de prix ; car vous gaignerez de l’honneur en donnant du profit, & poſſible que vous reſiouiſſant d’vn ſi beau gain