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LES ŒVVRES

que choſe que l’on die, le Nectar qui eſt vn diuin bruuage n’a point couſtume d’enyurer, comme le vin fumeux qui trouble les ſens, & la raiſon : mais comme il aduint que ceux qui furent ſurpris diſant mal du Roy Pyrrhus, controuuerent pour toutes excuſes qu’ils eſtoiẽt yures, & qu’ils en euſſent bien dict d’auantage ſi le vin ne leur eut failly ainſi Porus ayant honte dont ſa lafciueté l’auoit conduit vers moy pauure coquine : diſt qu’il auoit trop beu, voulant par cette faute donner excuſe à vne beaucoup plus grande ! F. Et bien, puis qu’il n’eſtoit pas yure, il vous reconnoiſtra donc. P. Ouy, mais il me fera chaſſer à coups de baſton, ſçais tu pas bien que les riches ſont quaſi touſiours ſuperbes ? F. Où voulez vo’ donc aller ? P. Ie veux m’aſſeoir à quelque porte comme i’ay accouſtumé. F. Maudit ſoit il qui vous y accompaignera. P. Tu y viendras ſouuẽt maugré toy encor’que ie t’en deſire bien loing, car ie m’aſſeure que c’eſt toy qui me rends ſi odieuſe. F. Mais c’eſt par vous que ie ſuis miſerable, ſi vous ne vous trouuiez jamais où je ſuis, on me ſatisferoit de meinte ſorte de viandes : P. Ha mal-heureuſe ! ne ſçais tu pas bien que les riches auaricieux te font beaucoup pire traictement que les autres ? F. Et où dois-je donc aller pauure que ie ſuis ? P. Va t’en à la Cour & te ſieds à la table des ſeigneurs. F. O, o, ils ſont trop diligens à leurs repas ; ils auroient touſiours diſné