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Page:Rod - L’Innocente, 1897.djvu/120

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Une autre fois, on raconta qu’ils s’étaient amusés « comme des fous » au carnaval de Nice. On donnait des détails. Et on jugeait. En tout cas, il fut admis que Mme des Pleiges avait abandonné son attitude de veuve désolée et jouissait de la vie, à sa manière :

— Ici, elle n’aurait jamais osé ; mais là-bas !…

On affirma même qu’elle dévorait à belles dents la fortune de son fils. Quelques personnes charitables insinuèrent :

— N’y aurait-il aucune précaution à prendre pour sauvegarder les intérêts de l’enfant ? Les amis ou la famille pourraient peut-être…

D’autres interrompaient :

— Pourquoi la famille s’intéresserait-elle à cet enfant ? Vous savez bien…

Un geste de mépris terminait la phrase et amenait un :

— C’est juste !

Puis on reprenait en chœur :

— D’ailleurs, ces gens ont rompu toutes les attaches qui les retenaient à nous. Mlle Éléonore n’a plus de nouvelles d’eux depuis longtemps. Vous verrez qu’ils ne reviendront pas.

Cependant ils revinrent, au printemps. Ils revinrent tels qu’ils étaient partis, bien qu’un peu moins tristes : Anthony, avec quelques couleurs aux joues, ma marraine, avec des retours de son cher sou-