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Page:Rod - L’Innocente, 1897.djvu/134

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— Il m’a traitée de…, disait-elle, non, jamais je ne répéterai ce mot-là. Je lui ai répondu : « Eh bien, monsieur, si je suis de trop ici, je ne reviendrai plus ! » Alors, il m’a répliqué, avec d’abominables jurons : « J’espère bien, nom d… ! Et vous allez partir ! Et plus vite que cela ! » Et, comme je voulais lui répondre, il m’a prise par le bras…, oui, ma chère, il a osé porter la main sur moi !

À chaque fois qu’elle recommençait son histoire, on levait les yeux au ciel, on s’écriait :

— Est-il possible !… Porter la main sur vous !… Est-il possible !

Larmoyante, elle gémissait :

— La maison où j’ai vu mourir mes parents, mon frère, tous les miens…, la maison où se passa mon enfance… Il m’en a chassée, je ne la verrai plus.

Tous sentaient l’outrage fait par l’intrus à celle qui seule représentait, à leurs yeux, l’ancienne et glorieuse famille dont le pays s’honorait. Ma mère en pleura ; mon père en fut atterré.

— M. Marian a eu tort de manquer de patience, disait-il ; on doit supporter beaucoup des siens.

Pourtant, il ajoutait :

— Il est vrai qu’à sa place…

Il n’en disait pas davantage, et je t’assure que c’était déjà beaucoup.