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Page:Rod - L’Innocente, 1897.djvu/136

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çonné que les mères savent toujours tout ce qu’il faut que leurs enfants apprennent.

Aux approches de l’hiver, le bruit de leur prochain départ se répandit. C’était une fausse nouvelle : ils restèrent. Et j’entends encore ma marraine expliquer à ma mère pourquoi leur gracieux voyage ne se renouvelait pas.

Je jouais dans un coin du salon, sans faire de bruit. On ne songeait pas à ma présence, ou l’on me croyait tout occupé de mes soldats de plomb. Et je dressais les oreilles, sans perdre un mot de l’entretien.

Les deux femmes étaient assises, à côté l’une de l’autre, comme deux amies, dans une pose intime, sur le vieux canapé à galerie, recouvert de reps grenat, que j’ai toujours conservé tel quel en souvenir de mon enfance — Ma mère avait été plus affectueuse que de coutume ; Mme des Pleiges s’ouvrit davantage, étant encouragée, et prolongea sa visite. Elle parlait de son fils. Elle raconta son zèle et sa sagesse, en s’extasiant avec un peu de crainte, le trouvant trop raisonnable pour son âge. De temps en temps, elle répétait, sans s’apercevoir qu’elle l’avait déjà dit plusieurs fois :

— Je vous assure, chère madame, que c’est un enfant délicieux !

Puis, elle en vint à dire son gros souci