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Page:Rod - L’Innocente, 1897.djvu/168

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Rien qu’à son air, nous avions compris. Pourtant, comme les autres jours, ma mère demanda :

— Eh bien ?…

Il répondit :

— C’est fini !

Elle s’écria :

— Ah ! mon Dieu !

Il y eut un silence. Mon père arpentait la chambre, les mains derrière le dos. Ma mère demanda :

— A-t-il beaucoup souffert ?

Mon père arrêta sa marche inquiète pour donner les détails :

— Il n’a point eu d’agonie, le cher enfant… Ce matin, il s’est tourné contre le mur, en disant, de sa pauvre petite voix fêlée : « Je vais mieux, beaucoup mieux, à présent !… » Il est resté un moment immobile ; puis il s’est retourné vers nous, en nous regardant avec des yeux qui tournaient… Un geste, un hoquet, c’était tout… On ne peut pas mourir plus doucement !…

Le silence recommença. Puis ma mère demanda encore :

— C’était quelle heure ?

— Neuf heures et demie.

— Et la comtesse ?

— Oh !…

Le geste de mon père voulait tout dire.

— Il te faut aller au château, ajouta-