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Page:Rod - L’Innocente, 1897.djvu/178

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— Qu’est-ce qu’elle va devenir, à présent ?

— … Avec son père dont l’état est aussi très inquiétant !

— Un malheur n’arrive jamais seul !

— … Heureusement que Mlle Éléonore est rentrée au château !

— Dans des moments comme celui-là, on oublie toutes ses rancunes…

Mme d’Ormoise resta la dernière. Sans doute, il y avait quelque chose qu’elle désirait savoir ou dire ; car, d’habitude si sûre d’elle-même, elle hésitait, cherchait ses mots, tombait dans des redites, et surtout, prenait un air doucereux, attendri, qui semblait un masque posé sur son dur visage. Ma mère ne l’encourageait pas : assise vis-à-vis d’elle, dans l’attitude de politesse déférente qu’elle prenait en causant avec les personnes de marque, elle gardait sa réserve et ne répondait qu’en pesant ses paroles. Mme d’Ormoise, cependant, soupirait en répétant :

— Ah ! la pauvre jeune femme !… la pauvre jeune femme !…

Bientôt elle ajouta :

— La voilà seule au monde, maintenant… À son âge, chère madame, ne trouvez-vous pas cela affreusement triste ?

Ma mère dit simplement :

— Oui, c’est très triste.

Mme d’Ormoise revint à son idée :