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IDÉES MORALES DU TEMPS PRÉSENT

précient presque toujours leurs œuvres collectives. N’est-il point démontré que les caractères ont faibli, quela besogne humaine a rapetissé, depuis les géants qui élargirent le monde à la fin du xve siècle ? Cependant Thistoire établira un rapprochement entre ce temps et le nôtre. On dira que TAfrique découverte, conquise en grande partie par des moyens pacifiques, c’est un exploit aussi beau et d’aussi grosses conséquences que la trouvaille de l’Amérique suivie d’un dépècement sanglant. Elle datera une ère nouvelle de Victoria, de Guillaume II, de Léopold de Humbold, comme elle en a daté une d’Isabelle la Catholique, de Ferdinand le Conquitador de Henri le Navigateur, et si elle ne décerne à M. le président Carnot aucun de ces surnoms, la mode en ayant passé, elle fera une large part à la France dans la mission civilisatrice. »

Voilà des choses qu’un « homme de lettres » ne pourrait ni penser ni écrire : M. de Vogué en doit certainement l’intuition aux deux écoles de sa jeunesse, à ses écoles de soldat et de diplomate. Elles se sont merveilleusement complétées l’une l’autre et lui ont, entre les deux, préparé et fourni les idées dont il s’est inspiré dès ses débuts, qui se sont peu à peu développées et comme affermies en sorte qu’aujourd’hui elles gouvernent toute son activité, A travers les angoisses de la défaite, les fatigues des marches, les longs ennuis et l’humiliation de la forteresse, il a appris à estimer à sa valeur l’effort