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mon cher, trente-deux. Ce n’est pas trop mal écrit, un certain style, de la passion, du feu… de Bengale ! Ah ! çà ! mais pourquoi ne riez-vous pas ? c’est très drôle, ce que nous faisons ; vous ne répondez pas, et l’on dirait que vous êtes mal à l’aise…

Chantreuil.

Mais, Madame, j’avoue que cet entretien…

Jeanne.

Eh bien quoi ? Cet entretien ? Regrettez-vous que je sois de bonne humeur ; votre amour-propre souhaite-t-il que je pleure, que je vous appelle ingrat, perfide, comme dans Racine ? (Elle éparpille quelques lettres.) Tiens ! voici la lettre que vous m’avez écrite il y a deux mois. (Elle lit) : « Jeanne bien aimée, je ne pourrai te voir demain, ma pauvre mère est indisposée et je dois aller au château. Je t’aime. Marcel. »

Traduction libre : « Madame, je n’irai pas vous voir demain ; ma mère se porte très bien, mais je dois aller faire la cour à ma fiancée. Je ne vous aime plus guère. Bonsoir ! Marcel. »

Chantreuil.

Vous êtes dure, Jeanne.

Jeanne (hautaine).

Vous ai-je permis de m’appeler Jeanne ?