Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/122

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vait tout, lui avait conseillé ce qu’elle allait faire… C’est que le temps de l’accomplissement était venu et qu’alors ce n’est plus la volonté, mais la destinée qui règle le cérémonial.

Wilhelmine savait donc qu’elle allait parler à Hans et que sa vie allait se jouer. Elle était prête ; elle attendait.

Tout à coup on vit venir, sur la glace du canal, un traîneau, arrivant de Hollande, attelé d’un cheval qui y trottait comme sur une route. Il approchait, rapide, svelte, dépassant le vent, éclaboussant le silence du petit tintement cuivré des grelots.

Mme Cadzand, Mme Daneele, les deux jeunes gens, s’étaient arrêtés pour voir passer le pittoresque attelage. Sur une banquette était assise une jeune femme, jolie, le visage rose emmaillotée d’un de ces bonnets à ailes qu’on porte dans les villages limitrophes, et dont des bijoux, des plaques, des tire-bouchons d’or attachent les linges et les dentelles. Derrière elle, debout et tenant les longues rênes, un paysan de