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Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/142

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reprendre, de se sauver. Ici le péril s’aggrave parce qu’il s’est unifié.

Un jour donc, Mme Cadzand se rendit compte qu’une tentation pareille venait de se dresser dans la solitude où vivait Hans. Il était à l’abri du danger unanime des femmes. Mais le Démon est ingénieux. Il s’incarna dans une seule, il choisit celle qu’il fallait, changeant visage de l’Ève éternelle, aux paroles insidieuses. Il vint le tenter chez lui, dans sa demeure même, par la continuité d’une présence dont on ne se défie pas…

Et, pour le mieux séduire, ne pas le mettre en garde, quels yeux d’innocence elle avait, cette jolie Ursula, entrée un matin chez Mme Cadzand, dont la femme de chambre était partie pour se marier. La remplacer ? Oh non ! à peine, la vieille cuisinière Barbara, très experte, suffisant presque au soin du ménage. Tout au plus le prétexte de coudre un peu, d’entretenir la lingerie. Mais, en réalité, elle arrivait du fond de l’éternité pour apporter le malheur de Hans.