Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/146

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se posaient, mettaient la tiédeur d’un attouchement. Yeux tentateurs comme des bouches. Yeux donneurs de baisers qui s’appliquaient partout, brûlaient, affolaient. Ainsi fit-elle pour Hans, dès la première fois qu’elle le vit, troublée et séduite aussitôt par son beau visage pâle, sa chevelure tumultueuse.

Hans sentit sur lui, par toute sa chair, la descente des grands yeux, l’étrange effleurement, le fourmillement que doivent éprouver les canaux inertes, le soir, quand le ciel étoilé s’y mire. Qu’étaient-ce que ces yeux, brûlants comme des astres, qui s’étaient posés sur lui, multipliés ? En regagnant sa chambre, après le repas qui avait été l’occasion de cette première rencontre, il se trouva tout étrange, comme si quelque chose d’anormal s’était passé, comme s’il avait trop lu dans son Paroissien l’examen de conscience du sixième et du neuvième commandement. Trouble indéfinissable ! Il repensa, sans savoir pourquoi, au nom de cette jeune fille :