Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

helmine, la gorge étalée, ce commencement de nudité hardie et rose… Il songea à Ursula encore toute voilée pour lui… À mesure que le soir approchait, la tentation revint comme une crise…

Et il en fut ainsi durant plusieurs jours consécutifs… Hans récidiva. Il connut le mystère entier. Ursula, qui s’attardait maintenant dans sa chambre jusque tard dans la nuit, provocante et complaisante, lui révéla l’intimité de sa chair, la vallée tiède, le couple blotti, tout ce qu’il avait à peine deviné dans le corsage de tulle de Wilhelmine. Prestige des seins ! Frénésie des jeunes doigts qui les palpent comme s’ils voulaient les cueillir, ces grappes de raisins blancs couronnées d’un raisin bleu, y vendanger un élixir de joie contre toutes les douleurs ! Beauté des seins ! Leur rythme, leur flux et leur reflux comme celui de la mer… Et leur douceur surtout, oreiller d’oubli, ouate et sachet, où l’on voudrait dormir, où l’on pourrait mourir !… Comment s’en délivrer, y