Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/46

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V


Hans avait dit un jour à sa mère : « J’aime surtout la Vierge, parce qu’elle est femme… » Il avait répondu ainsi, tout simplement, tout naïvement, parce que Mme Cadzand s’étonnait de sa dévotion exclusive pour Marie, comme si Dieu n’existait pas et qu’elle fût tout le ciel. Ce mot qui, au premier aspect, ne semblait que gentil et anodin, revint plusieurs fois à l’esprit de Mme Cadzand les jours suivants, tandis que sa fréquente migraine l’avait reprise et que, sans pouvoir sortir, elle somnolait dans sa chambre, la tête appuyée au moelleux coussin de cheveux. C’était si doux et lénifiant, la tiède douceur où son front se reposait. Son fils était là-bas, loin d’elle, dans les salles tristes du collège, à compulser de lourds