Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/58

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avait été mandé pour cette retraite : un Père dominicain, d’une éloquence fleurie et cauteleuse qui s’insinuait dans l’âme comme une abeille dont l’aiguillon continue un souvenir de roses. Comme il connaissait bien les âmes ! La juste consultation, le sûr diagnostic qu’il donna sur leurs troubles, leurs indécisions ! Les bons conseils qu’il multiplia sur le choix de la vocation, dont il répéta le mot sans cesse, allumant ce grand mot en lettres de feu pour aider chacun à voir clair dans son cas !

Il prêchait le soir surtout, dans l’église du collège déjà noyée d’ombre. Et sur des sujets propres à frapper l’imagination de craintes salutaires : le péché, l’enfer, la mort. C’étaient des peintures tantôt câlines, le plus souvent tragiques, évoquant la brûlure des damnés. Le petit groupe d’élèves écoutait, anxieux, parfois terrifié, troupeau hagard dont le berger noir gesticule vers des incendies, au loin.

Il fit aussi des sermons spéciaux sur la vocation, puisque la retraite avait