Page:Rodenbach – La Vocation, 1895.djvu/97

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tout voir, faisait tourner la jeune fille pour la contempler de dos, de côté, puis de face encore, examina la façon du corsage, — et cette belle ampleur de la jupe qui circule autour d’elle, se casse en plis, déferle à ses pieds…

— Tiens ! j’oubliais ! observa Mme Cadzand ; j’ai voulu, moi aussi, Wilhelmine, participer à ta beauté de ce soir.

Et elle alla prendre une branche de lilas blanc commandée par elle chez un fleuriste.

— On l’a fait venir de Nice, parait-il…

Wilhelmine lui avait pris des mains la gerbe pâle, très contente, très touchée. Elle embrassa Mme Cadzand, attacha à sa ceinture les fragiles fleurs qui s’unifièrent avec la fragile étoffe.

— Il faut que Hans aussi vous voie ainsi !

Mme Cadzand, pour qu’on l’avertît, sonna les bonnes qui, à leur tour, s’extasièrent, surtout la vieille cuisinière Barbara, depuis vingt ans dans la maison, et à laquelle on pardonnait