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catholicisme induré dans l’air et dans les pierres.

En même temps sa petite enfance, toute dévote, lui revenait et, avec elle, une nostalgie d’innocence. Il se sentait un peu coupable vis-à-vis de Dieu, autant que vis-à-vis de la morte. La notion du péché réapparaissait, émergeait.

Depuis un soir de dimanche surtout qu’entré au hasard dans la cathédrale, pour le salut et pour les orgues, il avait assisté à la fin d’un sermon.

Le prêtre prêchait sur la mort. Et quel autre sujet choisir, que celui-là, dans la ville morne, où de lui-même il s’offre, s’impose et seul fait monter autour de la chaire sa vigne aux raisins noirs, jusqu’à la main du prédicateur qui n’a qu’à les cueillir. De quoi parler, sinon de ce qui est là partout dans l’atmosphère : la mort inévitable ! Et quelle autre pensée approfondir que celle de son âme à sauver, qui est ici le souci essentiel et l’affre permanente des consciences.