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Page:Rodenbach - Bruges-la-Morte, Flammarion.djvu/49

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qui maintenant donnait presque l’illusion d’une présence réelle.



Hugues, les jours suivants, se trouva tout hanté. Donc une femme existait, absolument pareille à celle qu’il avait perdue. Pour l’avoir vue passer, il avait fait, une minute, le rêve cruel que celle-ci allait revenir, était revenue et s’avançait vers lui, comme naguère. Les mêmes yeux, le même teint, les mêmes cheveux — toute semblable et adéquate. Caprice bizarre de la Nature et de la Destinée !

Il aurait voulu la revoir. Peut-être qu’il ne la reverrait jamais plus. Pourtant, rien que de la savoir proche et de pouvoir la rencontrer, il lui semblait qu’il se sentait moins seul et moins veuf. Est-il vraiment veuf, celui dont la femme n’est qu’absente et réapparaît en de brefs retours ?

Il s’imaginerait retrouver la morte quand passerait celle qui lui ressemble. Dans cet espoir, il alla à la même heure