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Page:Rodenbach - L’Élite, 1899.djvu/137

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objections, négations. — « Mais si c’était intelligible, ce ne serait pas divin ! » Et enfin la victoire céleste ! Lutte pathétique où renaissent les orages de Pascal. Sans compter que cette langue de M. Huysmans, toute admirable, ajoute le frisson de ses teintes électriques, vénéneuses, d’un ciel pourri où se lèvent soudain des mots qui sont un lys de Memling, une clé ouvrant sur le mystère, la plaie de Jésus qui ne saigne plus, mais s’effeuille, dirait-on. Intensité de psychologie inouïe, à croire que M. Huysmans ne décrit que ce qu’il a ressenti, vécu, et que lui-même, aujourd’hui, est une grande âme de plus vaincue par ce que Chateaubriand appelait « le génie du christianisme. »

Car Chateaubriand marche en tête de cette troupe sacrée qui aura appartenu à l’Église. N’est-ce pas merveilleux, en un temps où on disait la foi morte, de constater combien de grands écrivains de notre siècle ne l’auront pas quittée ou y seront revenus ? La religion peut en revendiquer beaucoup : outre Chateaubriand, Lamartine aussi, et Barbey d’Aurevilly, d’un catholicisme absolu quoique ostentatoire ; Baudelaire qui fut lui-même un poète, un peu satanique aussi, mais seulement en tant qu’il y a des gar-