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Page:Rodenbach - L’Élite, 1899.djvu/142

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LAMARTINE


Après cent ans écoulés, la parole de Humbold reste vraie : « Lamartine est une comète dont on n’a pas encore calculé l’orbite. » Car, même aujourd’hui, il est difficile de préciser la parabole de cet errant du génie qui a laissé un peu de lui dans toutes les âmes.

Lamartine ! ah ! le doux nom ! et quel coup d’archet sur nos souvenirs ! N’est-ce pas lui, quand nous le lisions à quinze ans, au collège, qui nous fut la première révélation de la Poésie ? Au même moment, il nous fut aussi la première révélation de la Femme, car ses vers à Elvire et à Graziella donnaient comme un visage aux rêves encore informulés en nous.

Lamartine nous a suscité jadis toutes ces émotions-là. Nous l’avons plus qu’admiré ; nous l’avons aimé. Voilà pourquoi la lecture, plus tard, en parait fade et décolorée.

Il en est de ses poèmes comme de ses lettres d’amour, qu’on ne doit jamais relire ; ce n’est pas qu’elles soient autres, mais nous-mêmes