Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/114

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mon fils, j’irai lui parler, moi !

Joos écoutait, devenait plus triste. Il avait pitié de la bonne vieille. Ah ! sa mère, qu’il devrait bientôt, à son tour, aider à marcher, faire marcher à lents pas, comme elle fit pour lui, tout petit ! Comment la laisser seule sur les vieilles routes ridées de la terre ? Sans elle, il se serait déjà tué, dès le premier jour.

L’obsession continua. L’idée que le pendu était bien tranquille ne le quitta plus. Il essayait, pour se délivrer, de penser à sa mère, au devoir filial. Il se mit aussi à boire pour échapper au pendu ; mais celui-ci revenait au moment le plus trouble de son ivresse, se battait avec lui, voulait l’emmener : « Viens avec moi. Tu seras