Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/122

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bouches des millions d’amants venus là. Elles balbutiaient ; elles frémissaient comme d’un baiser ; on aurait dit qu’elles cherchaient, ces lèvres vertes, à baiser encore, sur le vieux tronc, le nom survécu qui fut leur amour en d’autres âges. L’amour et la mort ont des analogies étranges, des attirances énigmatiques ; et ils communiquent par des corridors dont on ne trouve la clé que dans l’Éternité. Le chêne des rendez-vous d’amour était devenu le chêne de la mort. Pourquoi ce fantasque étranger l’avait-il choisi pour se pendre ? Et maintenant Joos à son tour allait s’y tuer. Certes, l’homme roux qui l’avait entraîné là, voulut lui faire suivre son exemple point par point. Néanmoins Joos sentait confusé-