Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/156

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ignoré ici, et qui maintenant va sévir. Car le suicide est contagieux. C’est pour cela que Joos est allé se pendre au chêne des Trois-Chemins, à l’endroit même où l’étranger se pendit, enseigna ce péché abominable. Joos, à son tour, y a été entraîné par une occulte attirance, les miasmes de cette épidémie mentale qu’est le suicide. D’autres maintenant vont se tuer… »

Abattons l’arbre ! cria une voix.

— L’arbre sera la mort quand même, répondit le pasteur. Abattu, il continuera la contagion. Qu’on l’enterre, il nous attirera dans la terre. Il est la mort, vous dis-je. Nos cercueils sont déjà dans son bois. Nous sommes morts ! L’île est morte !