Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

était chargé d’amour, tout l’amour exhalé ici par des millions d’amants, au long des siècles, et qu’il assuma, aspira, mêla à sa sève, à ses racines, à son tronc, à ses feuilles. Il vécut dans de l’amour comme dans une atmosphère spéciale, une serre chaude aux vitres invisibles. Il eut, pour chaleur, des baisers ; pour pluie, des larmes. À jamais, il est tout amour. Il dégage sans cesse celui qu’il a résorbé…

Tout lieu de rendez-vous fréquenté : une grotte, une berge de canal, un banc solitaire, pourrait devenir un bon conducteur de cette électricité d’amour. Mais cela arrive surtout aux arbres, mystère de nature, souvenir héréditaire de l’Éden dont la scène constitue le