Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/30

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aussi, dans tes yeux. Je me ris à moi-même… Ne pars pas… tu partiras quand je ne m’apercevrai plus. »

Neele acquiesça : « Oui ! mon bien-aimé ; que ta main gauche soit sous ma tête ; et que ta droite caresse mon visage… »

Heure divine ! Pure extase face à face, où leur amour se réciproquait dans leurs yeux !

Tout à coup, parmi la solitude muette, des voix s’entendirent, des cris discords, des chants hurlés. Le silence parut souffrir… Ce n’était pas la langue reconnaissable de l’île. Joos et Neele avaient dressé l’oreille. Déjà le tumulte était tout proche. Des silhouettes se dessinèrent, imprécises, dans l’ombre. Mais Joos les avait reconnues.