Page:Rodenbach - L’Arbre, 1899.djvu/63

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Neele, en un coin isolé. Ils étaient plus graves que tous ces joyeux couples buvant et dansant, comme ceux qui sont déjà plus avant dans leur amour. Ils parlaient peu, étourdis par le vacarme, la poussière soulevée et les danses. Joos tenait les mains de Neele dans les siennes, mais il les sentait plus calmes, presque indifférentes ; on aurait dit qu’elles étaient endormies. Où est le premier temps où leurs mains se rencontraient, si impressionnables ? Elles se touchaient alors, comme des flammes qui s’augmentent de se joindre. Joos s’inquiéta de cette froideur de Neele. Elle avait l’air changée, depuis quelques semaines. Elle rêvassait, les yeux ailleurs, quand il lui parlait. Et il avait l’impres-