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CHOSES DE L’ENFANCE


II


Ces choses du passé sont comme des étoiles
Dont le foyer d’or pâle est mort, mais dont on sent
Le rayon venir doux comme un rappel d’absent !
Et puis c’est en quittant la grande maison calme
Où l’Espoir dans les mains nous mettait une palme,
C’est à ce moment-là que nous avons compris
Qu’il faut laisser toujours le chemin qu’on a pris,
Et que la vie humaine est un vieux pays sombre,
Où les marcheurs pensifs, en des routes sans nombre,
Se croisent dans des cris d’accueil et de départ !

Oh ! partir ! partir seul ! s’en aller autre part
Sous de arbres nouveaux qu’il faudra longtemps suivre,
Et tout abandonner ― recommencer à vivre !