Page:Rodenbach - La Mer élégante, 1881.djvu/82

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Elle aplatit sa robe et ses jupes mutines
Sur le sopha de cuir où sa mère s’assied ;
Elle s’assied près d’elle et ses minces bottines
Montrent la petitesse exquise de son pied.

Puis voilà que le bal commence ; la musique
Se fait douce en berçant les couples haletants ;
Elle danse ; elle éprouve une ivresse physique
À valser dans le bruit des violons chantants.

La flûte à ces accords mêle ses joyeux trilles,
Et son riche éventail tenu par un ruban,
— Tandis qu’elle s’évente en dansant les quadrilles —
Frémit comme la queue entr’ouverte d’un paon.

Et toutes, dans l’éclat de leurs robes rosées,
Passent, pleines de fougue ou pleines de langueur,
Et telles qu’un bouquet lumineux de fusées
Rayonnent dans la nuit pro/onde de mon cœur.