jours. Est-ce que le noyé revenait de cet abîme de silence ? Avait-il vu le fond du canal ?
Il semble qu’ici la mort s’aggrave. C’est une fin pire que la mort. Faut-il avoir touché l’infini de la désespérance pour se jeter dans cette eau-là !
Barbe entraîna son père pour ne point voir l’affreux spectacle du noyé qu’on allait retirer du canal ; ils s’éloignèrent rapidement, devenus silencieux, hantés d’images funèbres. Sans doute que l’antiquaire pensa à la mort, à sa mort. Barbe le crut, sans avoir la force de l’en distraire, de trouver des paroles contre ce qui était déjà l’inévitable.
Peu de temps après, une nuit, elle fut réveillée en sursaut. La sonnette de la porte avait retenti, à coups fébriles, accumulés. Barbe songea aussitôt : « C’est un malheur qui sonne ! » En effet, on venait annoncer que le vieil antiquaire était au plus mal : couché et presque endormi, il avait eu une attaque, dénoncée par un grand cri qui traversa la maison. Maintenant, il gisait, inerte.
On ne savait rien. Les médecins n’étaient pas encore venus.
Mots jetés à la hâte par une servante ; et la demeure réveillée, grand désarroi, peurs et sanglots ; et la course à travers la ville endormie, dans cette douce nuit d’été, qui semblait si incompatible avec la mort possible.
Quand Barbe arriva avec Joris, Van Hulle ne les