Page:Rodenbach - Le Carillonneur, Charpentier, 1897.djvu/151

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Cependant l’élu reposait ; par la fenêtre ouverte, nul bruit n’entrait. Seules, dans la chambre muette, on entendait quelques mouches qui voletaient, neige noire, musique de deux ailes. Et c’était solennel, ce murmure des petites mouches qui n’avaient été envoyées là, semblait-il, que pour rendre plus sensible le silence dont on n’a la conscience et la mesure que par le bruit, et qui se prouve d’autant plus vaste que le bruit est minime. Ainsi le silence parut plus silencieux, le mort parut plus mort. Les éphémères faisaient comprendre l’éternité.

Et longtemps, machinalement, Joris écouta les bourdonnantes mouches dont l’une, parfois, s’aventurait sur le lit, jusque sur le visage du mort, dont elle n’avait plus peur.