Page:Rodenbach - Le Carillonneur, Charpentier, 1897.djvu/190

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prenant place ; elle comprit qu’elle rougirait toujours désormais en présence de Joris. Celui-ci souriait, exultait, étonné et troublé. Est-ce que le hasard avait voulu, pour un moment du moins, rétablir leur destinée ? Dans cette maison qui est leur, ils se trouvaient à deux, bien à deux, sous la lampe, comme deux époux heureux. Cela aurait pu être ; cela était pour l’instant. Soirée d’intimité, quasi conjugale ! Joris s’épancha, raconta son âme. Godelieve écoutait, acquiesçait… Elle avait pris son carreau de dentellière, joua avec les fuseaux, distraite souvent, mais rassurée par le jeu des fils auxquels, longtemps, elle occupa ses mains, dans la crainte que Joris les eût prises…