Page:Rodenbach - Le Carillonneur, Charpentier, 1897.djvu/236

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XII


Joris avait cru pouvoir encore reconquérir Godelieve contre sa crainte et contre Dieu. Un jour, il sentit la fin de son espoir imminente : au moment de se séparer pour le coucher, tandis que Barbe les devançait, elle lui glissa furtivement dans la main une enveloppe. Troublé, éperdu de joie, il courut dans sa chambre, croyant lire une nouvelle lettre, après un si long silence qui le navra, une lettre de tendresse et de recommencements. L’enveloppe était vide de tout écrit ; elle contenait une bague seulement, une de ces deux alliances d’or qu’ils échangèrent, un soir, dans l’église, extasiés d’amour mutuel ! « Oh ! ceci est cruel — et bien inutile », pensa Borluut, comme écrasé, mais plus découragé qu’affligé. Il enfouit la bague dans un tiroir, distrait, méditant cette suprême épreuve, le signe évident cette fois. C’était bien la fin, dernier anneau d’une chaîne brisée et qui ne les unissait plus ! Ici encore, Joris reconnut les avis du confesseur, le conseil de rompre