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IV


Borluut s’enflammait aux fièvres héroïques de l’Action ! Il fut vite condamné au silence, à la vie stagnante, aux mornes méditations de la défaite.

Irréfléchi et désordonné, il n’avait pas songé qu’il dépendait, en somme, de la ville et des magistrats communaux, contre lesquels il mena campagne, pour s’opposer au port de mer d’abord, et, ensuite, pour défendre son ami Bartholomeus.

On lui fit expier cette double audace. Peu de temps après, un avis du collège l’informa que, à la suite de l’attitude d’hostilité prise par lui contre l’autorité dont il relève, il était démissionné de ses fonctions d’architecte de la ville.

Le coup fut terrible pour Borluut. Peine sans appel et sans issue ! Ah ! ç’avait été bref, le plaisir enivrant de l’Action ! On avait vite fait de l’abattre. Il était tué maintenant ! Et par la plus lâche des vengeances ! On l’atteignait au côté le plus sensible de sa vie. Il aurait dû prévoir, s’abstenir. Mais est-