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VII


Ce que Borluut avait prévu arriva. Seule sa direction maintenait une unité, une discipline. Il avait commencé à accomplir ce miracle de l’esthétique d’une ville. Sitôt qu’il fut démissionné, le sacrilège d’art commença. Celui qu’on nomma en son remplacement était un obscur et ignare architecte, qui devint un instrument docile du caprice des échevins.

Borluut sentit que tout son rêve était fini. C’en était fait de la beauté de Bruges, telle qu’il la conçut, une et harmonieuse. Chaque jour les dissonances s’accrurent, les profanations, les anachronismes, les vandalismes.

La ville abdiqua.

La mode des restaurations s’était universalisée, mais plus du tout dans le sens où Borluut les avait inaugurées. Au mal de négliger et de laisser dépérir les façades anciennes succéda le mal, non moins grand, de les trop rajeunir, réparer, modifier, orner et refaire. En réalité, on les reconstruisait. C’étaient