en se donnant, aurait commis l’adultère, comme si Joris avait été davantage à Godelieve qu’à elle. Toute œuvre de chair avait cessé entre eux.
Borluut se résigna à ce quasi-veuvage, à ce célibat recommencé et sans issue. Comment n’y avait-il pas remédié ? Il récapitula les raisons : longtemps, malgré les crises, les brouilles, les scènes, il n’avait pu se défendre d’être lié à Barbe, à son corps désiré, à sa bouche trop rouge ; plus tard, après tant de querelles, tant d’offenses, qui le lassèrent et le déprirent, il aurait pu la quitter, mais jamais Barbe, catholique et violente, n’eût consenti au divorce (il n’aurait trouvé, d’ailleurs, aucun grief légal) ; plus tard encore, quand il aima Godelieve, ce fut l’occasion de tout rompre, de briser son foyer pour en reconstruire un autre, ailleurs ; mais la ville, à ce moment, le retint, son œuvre de la beauté de Bruges, son poème de pierre, à parfaire, et dont le regret, aussi tenace qu’un remords, partout l’eût suivi ; enfin, disgracié et libre de ce côté, prêt à partir pour n’importe où, il ne put pas ressaisir Godelieve, déjà acquise à Dieu et à l’Éternité.
Ainsi, tout s’était manigancé sans cesse contre lui. Jamais il ne fut maître des événements et de sa volonté. Aujourd’hui il lui paraissait superflu de quitter Barbe. Où irait-il, sinon dans plus de solitude ? Il se sentait incapable de rien recommencer. Il était las. Sa destinée était manquée irrémédiablement.
Ici, du moins, le beffroi lui restait, offrant son ina-