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Croquis dans la Vallée de L’Ourthe

(PRÈS DE LAROCHE).
SONNET.

Vallon ! petit Éden plein de mystère, et digne
Que tous les amoureux s’y donnent rendez-vous ;
Tant la rivière écume aux râpes des cailloux,
Et, forcée à dormir sur ce lit dur, rechigne !

Sous les saules pensifs, un canard blanc et roux
S’apprête pour son bain du soir, plus fier qu’un cygne,
Et, tout près, s’accroupit un pêcheur à la ligne
Le panier blanc au dos, l’herbe verte aux genoux.

Plus loin un vieux château noirâtre, qui surplombe
Le vallon, sous du lierre épais cache sa tombe ;
Dans ses mornes débris roucoulent des pigeons.

— Et tandis qu’une mère allaite son plus jeune, —
Sur un vieux bouc, qui semble amaigri d’un long jeûne,
L’aîné chevauche, ayant pour cravache des joncs.