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Page:Rodenbach - Le Mirage, 1901.djvu/108

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GENEVIÈVE.

Et puis tu as ôté les bagues de mes doigts, et, par jeu, tu les glissais aux tiens.

HUGHES.

Je me rappelle…

GENEVIÈVE.

Ah ! nous avons été des amants frénétiques. La mariée blanche devint l’épouse de feu… Nos baisers ! Certains soirs, tu disais qu’ils avaient un goût de fruit, que toute ma chair exhalait une odeur d’ananas. Nos baisers ! Nos baisers !… Ce sont eux, il me semble, qui, maintenant, habillent mon âme…

HUGHES.

Ne me rappelle pas tout ce passé…

GENEVIÈVE.

Il n’y a pas de passé, pour ceux qui s’aiment… Il n’y a qu’un temps, toujours le même, et qui ressemble à l’éternité. Ce qui fut, sera toujours.