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Page:Rodenbach - Le Miroir du ciel natal, 1898.djvu/148

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Ils ont voulu

déchirer le brouillard
Avec leurs souples cous,
Instinctifs comme des gestes ;
Mais le brouillard les vainc et les fait doux
Comme les nénuphars.

Ô cygnes d’accord avec le décor,
Sauf leur bec un peu rose encor
Comme un œillet
Qui commence à s’effeuiller ;
Car le brouillard l’emporte ! Et tout se décolore ;
Les cygnes sont vaincus ;
C’est comme un archipel de ouates qui se fondent ;
Avec la brume ils se confondent ;
Ils sont déjà comme s’ils n’étaient plus,
Et presque à l’unisson de la toute-pâleur.

Les cygnes ont eu honte alors, dans tout ce blanc,
De leur bec rose encor, dernière fleur
Qui lentement se fane ;