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Page:Rodenbach - Le Miroir du ciel natal, 1898.djvu/208

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Le silence s’unit au soir
Il flotte des senteurs fanées,
Comme si on ouvrait un cercueil de momies,
Ou le vieux tombeau des Années.

À peine quelques bruits dans l’air quiet :
Craquements, heurts, rumeurs, tout ce qui est
La respiration des choses endormies…

On rêve, on prie un peu ;
L’ombre s’accroît, grave et verdâtre ;
Oh ! si on pouvait voir Dieu,
Ne plus douter, savoir enfin !
Déjà toute l’église est sombre ;
La nuit est en chemin ;
Il n’y a plus qu’un seul vitrail opiniâtre
Où le jour lutte contre l’ombre…

Soi-même on sombre
Dans on ne sait quel rêve vague à la dérive ;