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Page:Rodenbach - Le Miroir du ciel natal, 1898.djvu/75

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LES FEMMES EN MANTE


Les reflets parmi l’eau s’évaporent,
Ainsi le fard sur un visage ;
Et ce vieux décor est sans âge ;
L’eau devient incolore.




Toute la belle histoire est finie,
L’ancien faste et la mer baignant le pied des tours ;
La mer est partie
Comme un amour…




Déjà le souvenir en est vague ;
La ville est une veuve ;
Comment recommencer les vagues
Et se remettre aux doigts des bagues neuves ?




La ville rêve au beau passé qui finit mal.
Elle appelle… Et rien ne répond.
Silence de l’air ! Les vieux ponts
Sont comme un catafalque en deuil sur le canal.