Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/143

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Et silence surtout place de l’évêché
Où divaguait parfois le bruit endimanché
D’une cloche très vieille et valétudinaire.
Des béguines, au loin, passaient, hâtant le pas,
Gardant l’émoi sur leurs faces anémiées
D’avoir le matin même été communiées,
Heureuses, et disant des chapelets tout bas,
Tout en s’en revenant des vêpres terminées.
Et la cloche perdue entre les cheminées
Se dépêchait, béguine elle-même, vivant
Dans sa tour, comme les autres dans leur couvent.
Sœur tourière du ciel en des guimpes fanées,
Semant un bruit de clés au fond de l’air transi
Où, béquillant un peu sous l’amas des années,
Elle faisait sa ronde, en robe noire aussi…
Or, depuis lors, la cloche est celle qui chemine ;
Et toujours le dimanche est un jour où j’entends
Une cloche au-dessus de mon âme, béguine