Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/166

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Au fil de l’âme flotte un chant d’épithalame ;
Puis je reflète un pont debout sur des bruits d’eaux
Et des lampes parmi les neiges des rideaux…
Que de reflets divers mirés au fil de l’âme !

Mais n’est-ce pas trop peu ? N’est-ce pas anormal
Qu’aucun homme ne soit arrivé de la ville
Pour ajouter sa part de mirage amical
Aux choses en reflets dans notre âme tranquille ?
Nulle présence humaine et nul visage au fil
De cette âme qui n’a reflété que des cloches.
Ah ! Sentir tout à coup la tiédeur d’un profil,
Des yeux posés sur soi, des lèvres vraiment proches.
Fraternelle pitié d’un passant dans le soir
Par qui l’on n’est plus seul, par qui vit le miroir !