Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/169

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III

Mon âme a pris la lune heureuse pour exemple.
Elle est là-haut, couleur de ruche, avec les yeux
Calmes et dilatés dans sa face très ample.
Or mon âme, elle aussi, dans un ciel otieux,
Toute aux raffinements que son caprice crée
N’aime plus que sa propre atmosphère nacrée.
Qu’importe, au loin, la vie et sa vaste rumeur…
Mon âme, où tout désir se décolore et meurt,
N’a vraiment plus souci que d’elle et ne prolonge
Rien d’autre que son songe et son divin mensonge