Page:Rodenbach - Le Règne du silence, 1901.djvu/182

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IX

Aux vitres de notre âme apparaissent le soir
Des visages anciens demeurés dans le verre ;
Leur souvenir, malgré le temps, y persévère,
Visages du passé qu’on souffre de revoir :
Fronts sans cesse pâlis ; lèvres déveloutées ;
Yeux couverts chaque jour d’ombres surajoutées
Et qui dans la mémoire achèvent de mourir…
Visage d’une mère ou visage de femme
Qui jadis ont vécu le plus près de notre âme.
Encor si l’on pouvait un peu les refleurir
Ces faces, dans le verre, à peine nuancées
Et voir distinctement leurs traits dans nos pensées !