Page:Rodenbach - Les Tristesses, 1879.djvu/46

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A tenir pour prier mes petites mains jointes ;
Quand plein d’un tendre émoi je marchais sur les pointes
De mes pieds vers la place où je devais m’asseoir,
Et que mon cœur d’enfant comme un chaste encensoir
S’exhalait dans l’église étroite où rien ne bouge
Les jours que je servais la messe en robe rouge !…

Et tandis que je pleure après avoir rêvé,
L’office, à mon insu, déjà s’est achevé ;
Il fait tout noir ; mais dans les vitraux brille encore
Un rayon de soleil couchant qui les décore
Et les fait resplendir quand tout s’est obscurci ;
Et je me dis alors que dans mon cœur aussi,
Qui n’a plus ses élans et sa ferveur première,
Dieu pourtant glisse encor son rayon de lumière.