Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/105

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I

La maladie est un clair-obscur solennel,
L’instant mi-jour, mi-lune, angoissant crépuscule !
Dans l’ombre qui s’amasse, un reste de jour brûle ;
Reverra-t-on la vie au delà du tunnel ?
La maladie est une crise de lumière ;
On sent planer l’ombre de l’aile de la mort ;
Quelque chose pourtant d’avant-céleste en sort
Et répand une paix d’indulgence plénière.
Lente épuration ! Chaste ennoblissement
De tout l’être par on ne sait quel charme occulte.
Est-ce par la pâleur, par l’amaigrissement
Qui fait que le visage en ivoire se sculpte ?