Page:Rodenbach - Les Vies encloses, 1896.djvu/139

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par un vitrail, le jour se dénuance ;
Un étranger, il semble (est-ce l’ange gardien
Soudain visible ?), habite à présent la demeure,
Comme pour prémunir du danger qu’on y meure,
Et la maison craintive a pris un air chrétien.

Or on s’améliore, on s’épure soi-même
Par la sorte d’ennoblissement propagé ;
On se sent devenir autre, le cœur changé ;
Il flotte en la demeure un parfum de saint chrême ;
Déjà les passions, à leur tour, parlent bas ;
Même le juste amour interrompt ses ébats ;
On se semble, à présent, vivre dans une église.

Le malade apparaît grave et sacerdotal,
L’air d’avoir avec Dieu quelque entretien mental.

Car le Silence enfin en lui se réalise !
Il est celui qui fait taire les bruits humains
Et les transsubstantie en imposant les mains ;